Le néolibéralisme
Description courte
Sur le principe, il ne faut pas confondre libéral et néolibéral. En effet, le vocabulaire contemporain de la gauche française restreint l'appellation de "libéral" au champ économique et, de plus, situe cette doctrine à droite. L'association "libéral=conservateur" se fait donc naturellement dans les esprits, alors qu'elle a de moins en moins de sens. En effet, premièrement, ceux qu'on appelait les "libéraux" il y a bien longtemps n'étaient pas des conservateurs mais nos penseurs français des "lumières" tant vénérés. Deuxièmement, l'économie libérale d'après guerre, bien qu'étant auparavant conservatrice, est devenue à présent néolibérale, et courtise le libéralisme idéologique, en prenant sur ce point le relais des socialistes. Car ce qui fait la force du néolibéralisme, c'est son vide idéologique propre. Il s'adapte à son époque pour séduire les esprits et apparaitre comme la seule voie raisonnable et agréable vers le bonheur sur Terre. Naturellement, la réalité est toute autre. Néanmoins, nous voyons à présent pourquoi ces deux notions qui pouvaient paraître opposées, le libéralisme idéologique et le néolibéralisme, sont de plus en plus associées comme c'était déja arrivé dans l'histoire. Certains ont même déjà inventé le mot "libertarien" pour symboliser cette réunion du néolibéralisme et de la mouvance libertaire (auparavant affiliée au gauchisme)
La puissance de conviction de la propagande néolibérale a été si grande durant ces vingt dernières années que même ses adversaires auto-proclamés en sont totalement imprégnés. La foi absolue dans le libre échange sans limites, ainsi que les pirouettes techniques utilisées même par des socialistes pour nous démontrer la nécessité de ce dernier, montrent à quel point tous les dépendants revendicatifs du système néolibéral courent vers nulle part. Certains d'entre eux, se croyant parmi les pauvres de la population mondiale alors qu'ils n'ont jamais connu aucun soucis matériel sérieux, sont avides de révolutions marxistes et croient ainsi en une amélioration de leur situation matérielle personnelle. On voit ainsi qu'ils n'ont jamais ouvert les yeux sur le monde passé et présent, et qu'il n'ont pas conscience du fait que leur "pouvoir d'achat" actuel provient déja d'une tricherie qui ne durera pas. Les autres sont docilement rangés dans le politiquement correct, dans l'illusion qui prétend rendre pérenne la cohabitation de la social-démocratie et du néolibéralisme, ce mélange utopique qui mène à présent l'Europe dans le gouffre.
Principaux adversaires des néolibéraux
Mais il faut reconnaître que le néolibéralisme tire aussi sa force de la naïveté et/ou de la dangerosité de la plupart de ses ennemis déclarés: Tout premièrement les altermondialistes. Viennent ensuite les communistes qui commencent à prétendre que les régimes marxistes du passé, imposés par la force, pratiquaient du "capitalisme d'Etat". On sent bien la tentative de renversement de situation, exploitant le caractère doctrinal et impitoyable des principes économiques néolibéraux, pour prétendre que c'est le vieux communisme qui ressemblait au néolibéralisme alors que le nouveau communisme serait du "vrai". Essayons cependant d'imaginer la réaction d'une société préparée à la croissance du "pouvoir d'achat" qui se rend soudain compte, après une révolution, qu'il n'y a plus rien dans les magasins ni plus rien à piller chez les "bourgeois". Les années 20 de l'URSS serait probablement de retour, mais cette fois chez nous, après la fête initiale et l'exécution des méchants. On peut clairement entrevoir un tel avenir dans l'hypothèse de la prise de pouvoir par des marxistes.
Ainsi les néolibéraux savent bien que laisser parler sans crainte les marxistes constitue finalement leur meilleure publicité. De plus, ils sont fiers de montrer ainsi au monde qu'ils sont démocrates. Leur attitude change cependant lorsque leurs détracteurs sont trop Keynésiens sans pour autant être d'extrême gauche. C'est pourquoi l'épouvantail du fascisme est en permanance agité pour un rien et sans aucun sens.
Mais là s'arrête la seule opposition de poids aux néolibéraux. A titre anecdotique, on peut remarquer la résurgence d'un courant marginal basé sur le mythe d'un monde sans travail. Inexistants dans le monde politique contemporain, des internautes propagandistes motivés et de plus en plus nombreux n'hésitent pourtant pas à promouvoir ces thèses, proches en vérité d'un vieil idéal marxiste qui s'appuyait sur le "progrès" dans son sens général: Le mythe du monde sans travail. Attention, il n'est pas question ici d'un simple refus du productivisme à tout prix, ni d'une restriction volontaire et raisonnable du train de vie comme la préconisent de nombreux "décroissants" que je respecte. Il s'agit bien d'un monde complètement sans travail, et dans le confort... Certes, comme il est très facile de trouver rapidement des tonnes d'exemples où l'intervention humaine sera toujours nécessaire, même dans ce supposé monde futuriste merveilleux auquel je ne crois pas, une "transition" est évoquée: Certains se réservent le droit de ne pratiquer que des loisirs en toute fierté, et dans un parfait confort matériel, alors que d'autres travaillent "parce-qu'ils l'ont choisi". On pressent bien la grosse hypocrisie phylosophique qui nous ramènerait aux temps de l'antiquité et de l'esclavage "doux" pratiqué par les Romains et les Grecs avant la chute de leurs civilisations. Mais finalement, pourquoi donc ces partisants du monde sans travail sont-ils antilibéraux? Ca frise le non sens, étant donné que leur rêve est en train d'être réalisé par les néolibéraux! Certes, il faudra faire venir les esclaves actuellement délocalisés sur place pour assurer les prestations de service, sans quoi notre qualité de vie en tant que chômeurs ne sera pas rendue correcte par notre simple capacité à acheter des produits manufacturés. Mais ceci est un détail logistique. Après tout, c'est peut-être la raison pour laquelle les néolibéraux, comme les marxistes de tout poil, affichent leur pro-immigrationnisme sous couvert de générosité... Il faudrait cependant qu'ils aient le courage d'annoncer la couleur aux nouveaux arrivants, sinon il se produira... ce qui commence à se passer déjà, finalement.
En conclusion
Qu'on se le dise donc, "néolibéralisme" signifie bien:
"Ultralibéralisme sauvage camouflé temporairement par l'endettement perpétuel des Etats importateurs"
Quant au simple "libéralisme" au sens idéologique, il colle mieux qu'on ne peut le penser au néolibéralisme. L'apologie d'un progrés continuel défini d'une seule manière possible, et mené par l'homme lui-même sans modération jusqu'au paradis terrestre, se marie aussi bien avec le communisme qu'avec le néolibéralisme que les communistes se plaisent à appeler "économie de marché", dans un but de simplification malhonnête. Tout le reste de l'idéologie des "lumières" est tellement relatif qu'il est aisé de la reprendre à sa sauce. Il suffit d'y choisir ses propres droits parmi tous ceux qui y sont proposés, et nous voilà justifiés!
A titre de curiosité, vous pouvez consulter:
Retour vers le futur proche par Michel Feher
Les deux aspects du libéralisme moderne, sous toutes ses formes.
Ce document est la version française d'un article publié par un français à l'attention des lecteurs russes, qu'il a rédigé en tirant parti de son expérience de la découverte de la Russie depuis six ans. Il présente un intérêt car il traite de la situation d'une nation ayant eu la particularité de vivre en peu de temps les transitions "communisme-ultralibéralisme" puis "ultralibéralisme-souverainisme". Le mot "libéral" y prend donc sous double sens, plus que jamais. Avertissement pour les non habitués: Cet essai englobe non seulement la politique et les sujets de société, mais aussi la place de la croyance religieuse sur l'évolution de la société. Bon nombre d'esprits français, et libéraux au sens large, pourraient donc être choqués et déclarer: "C'est n'importe quoi!"
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