POURQUOI LES ALTERMONDIALISTES PARVIENNENT-ILS
SI FACILEMENT A TOUCHER LE PUBLIC ?







Le contexte actuel général dans lequel nous évoluons


Certains d'entre vous ont peut-être remarqué qu'il existe des sujets volontairement ignorés par la presse et les milieux politiques, sans que leur discussion soit pour autant contraire à la morale ou à la dignité humaine ni ne prône quelque haine que ce soit. Le protectionnisme économique, mon sujet du moment, n'en est qu'un exemple. Beaucoup d'autres sujets relatifs à la politique internationale sont occultés de la même façon, pour être éventuellement traités bien plus tard et partiellement. Souvent, des protestataires ont l'habitude de faire référence à une théorie du complot dans laquelle un groupe restreint d'initiés dirigeraient dans l'ombre la marche du monde et influeraient la définition du "bien pensant". En fait, en toute logique il est difficile de croire qu'un seul groupe, guidé par des intérêts bien définis, soit parvenu à la maîtrise totale d'une partie du monde, ainsi que de ses concurrents. S'il existe de telles organisations, associations ou "loges" secrètes (ou simplement "bande de potes" sans scrupules), elles sont obligatoirement plusieurs, oeuvrant tantôt dans un intérêt commun, tantôt de façon contraire, par le biais de personnes influentes de par leur fonction ou leur popularité. Des intervenants décisionnaires ou militants peuvent ainsi être des serviteurs involontaires d'une cause, souvent bien plus matérielle et pragmatique que morale. Toujours dans le cas où cette hypothèse s'appliquerait, des guerres secrètes d'influence ont donc lieu régulièrement, alors que chacun désigne uniquement les idées contraires aux siennes comme issues de l'action d'un lobby politico-financier.

Un exemple contemporain crédible serait le fameux débat sur l'influence de l'activité humaine sur le CO2. Il y a d'un côté l'industrie nucléaire et le green business allant à la fois vers le "tout sauf CO2" et vers l'instauration des droits de pollution qu'on peut acheter (qui peuvent apparaitre bien moins moraux qu'ils n'en ont l'air au premier abord), et de l'autre côté les pétroliers et fournisseurs d'énergies fossiles. Personne ne sait probablement s'il a raison ou tort sur le CO2, mais de toute façon ça ne l'intéresse pas. Le but est uniquement de faire aller les choses dans son intérêt. Les militants écologistes sont les acteurs involontaires qui croient que leur voix s'est fait entendre subitement par magie, et que seuls les pétroliers parviennent encore à convaincre quelques irréductibles contre l'idée promue. N'est-il pas étonnant que les innommables pollutions nucléaires et chimiques du passé et du présent soient quasiment passées sous silence (à part de temps en temps sur Arte dans des documentaires) alors que tous les industriels ne pensent qu'au CO2 ? Oui, c'est tellement gros qu'on ne le voit même pas. Là est l'astuce, et là est l'intérêt commun ou non de certaines des parties qui mènent le combat. Et si on s'éloigne un peu vers l'Est, par exemple, on découvrira que, quoiqu'on en pense, il existe une conscience écologique et des militants écologistes, autant que chez nous. Mais à la différence que là-bas, au lieu de parler du CO2 on parle de tout le reste. Etrange, non ? Je trouve que cet exemple est le plus illustratif. Dans les autres cas, c'est plus difficile à comprendre, surtout en ce qui concerne tous les aspects de la mondialisation.

Il est difficile de croire, en effet, qu'un unique groupe d'influence (souvent considéré comme américain parce-que ça nous dédouane) impose la mondialisation économique à l'ensemble du monde. En revanche, dans chaque pays il y a évidemment un bon paquet de puissants tirant un même intérêt de cette mondialisation: un profit à court terme, c'est à dire à l'échelle d'une demie vie humaine (puisqu'il faut bien la moitié d'une vie pour parvenir à cette position). Peu importe ce que deviendra la société occidentale et les autres quand on ne sera plus là. La seule difficulté est de convaincre les partis politiques et les instances de pouvoir du bien fondé de la mondialisation. Pour cela, probablement qu'une action coordonnée est nécessaire. Il est surprenant de voir en effet, par exemple en France, que le thème du protectionnisme économique est absent même des discours communistes. Le doux rêve naif de "faire payer les riches" et d'interdire les licenciements restent les seuls dogmes vides de sens et même de toute explication de mise en pratique. Il est donc difficile de croire qu'aucun "filtrage" n'est pratiqué avant digestion par le public, à la fois dans les médias (en plus grande partie) mais aussi dans les partis politiques de plus grande influence, de sorte à ce que d'autres moins reconnus aient peur de paraitre trop originaux. A notre niveau, nous ne connaitrons jamais le niveau d'organisation structurelle de ces ramifications basées sur les "échanges de bon procédés", mais d'ailleurs peu nous importe. Nous pouvons deviner facilement où on nous mène et pourquoi.




Comment commence alors l'histoire altermondialiste ?


Dans les médias, tout ce qui n'intéresse pas la finance mondiale, comme les querelles nationales sur des sujets de société, est bien sûr laissé au libre choix de l'AFP, des journalistes et des grands partis. Le problème ne se pose que lorsqu'un message politique sort de cette conformité. C'est là qu'entre en jeu une technique vieille comme le monde, et pratiquée aussi bien dans les dictatures modernes que les démocraties: Pour discréditer tes adversaires, donne la parole uniquement à ceux qui ont mauvaise réputation. C'est beaucoup plus efficace et moins salissant que la répression. Aux élections européennes les résultats étaient diffusés en France en classant grossièrement tous les partis souverainistes de droite dans la catégorie "extrême droite" pour éviter de les nommer. Mais quels sont les autres partis, ailleurs qu'à droite, qui affirment s'opposer (à leur manière) à la mondialisation économique, et dont il fut question de parler? Le NPA du guignol Besancenot, bien sûr, qui nous promet une nouvelle Union Soviétique douce et le droit de se repentir éternellement envers le monde entier par l'auto-destruction, ô nous vilaine société occidentale. Avouez que ça ne donne pas vraiment plus d'envies. Parfois c'est dangereux de procéder ainsi, si le détracteur douteux devient tout de même trop populaire à force de ras-le-bol général. Mais il est encore peu risqué de procéder ainsi avec les altermondialistes. Dans cette même continuité stratégique, à un niveau plus international (disons européen) il est beaucoup plus simple de relayer leurs actions et de leur laisser de temps en temps la parole pour nous faire peur. Le but est bien ne nous faire comprendre: "Vous avez le choix entre eux et nous, il n'existe pas d'autre alternative". Voici donc les altermondialistes sortis de l'underground...




Car que prônent concrètement les altermondialistes ?


Comme ce sont des gens qui ont un cerveau comme nous, ils savent naturellement identifier les problèmes. Ces mêmes problèmes dont nous discutons entre nous presque chaque jour et que personne n'aborde sérieusement dans les médias. Au risque de nous répéter, nous récapitulerons donc rapidement: la disparition de nos emplois liée à l'exploitation de peuples là où il n'existe pas de droit du travail, puis les limites d'un système où le simple maintien d'une économie ne suffit pas mais où il est toujours nécessaire de consommer plus, et enfin l'absence totale de conscience écologique des grandes puissances (y compris la France, il est vrai). Il est peut-être venu à l'idée de certains, après un survol succint de mes écrits, que je pouvais être un altermondialiste. Je tiens absolument à les détromper. Mondialiste ou altermondialiste, le résultat sera toujours notre destruction, mais par deux chemins différents.

Car les problèmes surviennent quand le discours des altermondialistes se prolonge: Rejet systématique de tout ce qui caractérise ou caractérisait les sociétés occidentales, bien au delà du système économique. Le plus frappant est que leur vision obsessionnelle de "pays du Sud" que nous persécutons s'applique surtout dans le cas où cette persécution n'existe pas. Silence total à propos des Etats stables que nous tentons de renverser pour y amener des régimes dix fois pires que les précédents. Normal, puisque les altermondialistes sont pour la plupart anarchistes par la même occasion, et s'imaginent que les révolutions apportent le paradis sur Terre. Enfin, une fois sur deux dans leurs écrits sur la politique internationale, on perçoit cette impression que la Bande de Gaza est le centre du Monde, cette parcelle indépendantiste de la Palestine officielle, qui affirme prendre en main son propre destin mais ne veut pas être soumis à une fermeture des frontières la séparant de ses voisins. Plus généralement, le Moyen Orient et l'Afrique sont le sujet de prédilection des altermondialistes puisqu'ils sont considérés comme les ennemis potentiels les plus probables des sociétés dites occidentales. Cependant, tout comme les néo-libéraux, leurs ennemis proclamés, ils gardent le silence quant au sombre rôle de l'Arabie Saoudite dans la voie que suit le Moyen Orient et l'Afrique. Ils sont trop occupés avec Israël. Timidement, ils dénoncent quand même parfois utilement les dangers menaçant le reste du Monde, mais ce n'est pas le sujet dominant, si on en croit leurs écrits sur certains sites de presse alternative. Leur crédibilité globale reste donc quelque peu limitée, alors qu'ils auraient pu être utiles pour sensibiliser l'opinion publique sur le danger plus qu'imminent de l'expansion des cultures d'OGM alimentaires et la prolifération illimitée des déchets à risques. Mais, justement, c'est le but de cette permission de leur plus ou moins libre accès aux médias: classer ces sujets dans la rubrique des marginaux. Notons tout de même qu'on peut remarquer des dissonances parmi les altermondialistes, étant donné que cette nomination n'est pas soumise à une appellation contrôlée. (Notamment en ce qui concerne le CO2 et les énergies). Mais l'obsession pro-Hamas reste toujours présente, comme si c'était une condition nécessaire à l'entrée dans le club. C'est une occasion de remarquer que cette binarisation des protagonistes en "pro" et "anti" du conflit israelo-palestinien n'est intensifiée et sujette à tant de débats qu'en Occident, et au Moyen Orient bien sûr, mais guère ailleurs. Chez nous, en France, ce sujet sensible est plus ou moins consciemment (et calamiteusement) rattaché par nos chers militants révolutionaires à l'attitude générale à adopter face aux musulmans, et c'est alors très peu clair. Religion et marxisme, tout un programme peu crédible... Les débats sur les politiques d'immigration ne sont alors plus loin, dans cette même idée de binarisation: Occident raciste contre Moyen Orient et Afrique opprimés. Mais qui exactement joue le rôle de cet Occident? Nous, simples pékins? Ou ces querelles sur l'immigration seraient-elles l'occasion d'un conflit entre les états occidentaux et les intérêts des néo-libéraux? La finance mondiale n'a que faire des flux migratoires, exceptés s'ils provoquent des afflux de consommateurs ou de main d'oeuvre dans un sens ou dans l'autre. Mais comme nos puissants décisionnaires l'ont bien compris, quelles que soient les considérations idéologiques et sociales qu'on puisse avoir, leurs actions ont déjà "permis" le dépassement de l'équilibre employés / consommateurs. Pour les néo-libéraux, mieux vaut donc laisser pleinement aux états le soin de s'occuper de ces problèmes en fonction de leurs sensibilités, en proclamant qu'il y a soit pas assez soit assez d'immigrés dans l'Union Européenne. Ceci est généralement la cause principale de discussions enflammées entre les gouvernements et leurs oppositions, dans un but surtout électoraliste. Le cas particulier de la France est très illustratif, tant il semble que chacune des parties fait de son mieux pour théâtraliser à l'extrême des idées creuses et des semblants de scandales. A titre de parenthèse à ce sujet, même si ce ne sont pas les immigrés qui nous font perdre notre identité nationale (nous le faisons nous même, sans leur aide), je pense que la population française est en train de comprendre par elle-même que le problème est qu'on laisse faire n'importe quoi à n'importe qui venant de n'importe où (bien que certains jouent aux durs sévères). La conséquence sera, entre autres, un mépris et une méfiance envers les étrangers innocents à cause de la mollesse dégoulinante de nos idéologies modernes. Par exemple, je n'ai que faire du malheureux sort de 300 combinards coupeurs de gorges arrivés chez nous en toute illégalité, qui squattent les ports, qu'on qualifie avec la douce appellation de "sans papiers", et dont on nous rabat constamment les oreilles. En ce qui me concerne, j'ai une épouse étrangère qui est arrivée ici en respectant les règles. Pas dans l'espoir de se faire loger et nourrir gratuitement en tant que pseudo-réfugiée politique. J'en viens d'ailleurs à me demander si cette publicité intensive pour les défenseurs des immigrants illégaux n'est pas une manoeuvre de la partie adverse dans le but de récuperer quelques voix parmi les nombreuses qui ont fui... Me voici donc ni altermondialiste, ni peut-être politiquement correct. Ca devient tellement compliqué maintenant !

Nous avons donc fait le tour de la question quant à mon cas ! Ceci pouvait d'ailleurs être remarqué rapidement par ceux qui connaissent les altermondialistes, sachant que ces derniers considèrent le protectionnisme comme l'une des honteuses tentatives réactionnaires du vilain Occident égoiste, qui ne veut partager ses richesses et refuse sa dilution méritée et totale, dans un monde sans nations et sans cultures. Emballez tout cela dans une sauce aux relents de marxisme stalinien de la plus pure espèce; et voici leur rêve absolu. Mais qu'ils ne désespèrent pas: les néo-libéraux risquent un jour de les amener au pouvoir, à force d'apprendre au reste du monde à faire la révolution tout en nous poussant vers l'abîme. Serions nous si immunisés contre le contagion?




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